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Action Innocence part à la chasse aux Pokémons


Le succès du jeu pour Pokémon GO, téléchargé plus de 500 millions de fois en moins de deux mois, a fait apparaître dans nos rues une armada de « chasseurs » qui, leurs smartphones à la main, arpentent villes et campagnes à la recherche de leurs proies numériques.
Pour mieux comprendre le phénomène, Action Innocence a accompagné trois adolescents pour une partie de chasse organisée dans un parc genevois.

Thomas, Mathieu et Noah sont trois amis de 12 ans et 13 ans vivant dans la région genevoise et qui chassent le Pokémon pratiquement depuis le lancement de l’application, en juillet 2016. Thomas et Noah s’y sont mis immédiatement après en avoir entendu parler sur Internet et ont convaincu Mathieu de se joindre à eux. Il a vite rattrapé son retard et des trois, il est, aujourd’hui, celui qui possède le plus de Pokémons dans sa collection (plus de 140 différents).

Nous choisissons le parc de La Grange comme terrain de chasse, un endroit très fréquenté par les utilisateurs de Pokémon Go. Les basses températures et la pluie n’ont pas refroidi les ardeurs des trois adolescents qui connaissent bien les lieux et nous mènent donc aux points stratégiques.

3 adolescents jouant à Pokémon Go @ Magali Fischer pour Action Innocence

Le jeu a remporté un vif succès chez les jeunes et les moins jeunes. Il faut dire que, d’après Mathieu, tout le monde s’y est mis dans son école et il est même arrivé à Thomas de croiser une personne âgée courant vers le lieu d’apparition d’un Pokémon rare. Le parc a beau être pratiquement vide, nous croisons tout de même quelques autres adolescents qui, smartphones à la main, cherchent eux aussi à étoffer leur collection de monstres.

Mais qu’est-ce qui plait autant au public dans cette application ? Selon les trois adolescents, la réponse est unanime : « Ça nous fait sortir et nous incite à nous balader. » Un argument qui convaincrait d’ailleurs les parents de Mathieu qui, selon lui, préfèrent le voir dehors chasser les Pokémons plutôt que de rester jouer à des jeux vidéo à la maison. Mais si Pokémon Go a reçu l’approbation des parents, pas questions d’y jouer sans règles. Ainsi, Noah nous précise bien qu’il est libre de chasser uniquement s’il a fini ses devoirs.

Après avoir capturé quelques Pokémons, nous nous dirigeons vers le haut du parc de La Grange. Si dans le monde réel, rien ne distingue cette zone d’une autre, dans l’univers « augmenté » de Pokémon Go, il s’y trouve une arène de combat. Celle-ci représente l’aspect communautaire du jeu. Le joueur peut y mener des duels dans le but d’en prendre le contrôle pour son équipe. Une arène capturée peut servir de terrain d’entrainement aux Pokémons que possède le joueur. Mathieu nous en fait la démonstration, en lançant un duel d’entrainement qui consiste, principalement, à appuyer très rapidement sur l’écran de son smartphone.

Un combat dans Pokémon Go @ Magali Fischer pour Action Innocence

C’est lors d’un de ces combats frénétiques que la batterie du smartphone de Noah tombe à plat. Qu’à cela ne tienne, les ados ont tout prévu et un simple câble permet à Mathieu de relier son appareil à celui de son ami, lui offrant ainsi la capacité énergétique qu’il lui manque pour continuer à jouer.

Lorsqu’ils jouent à Pokémon Go, les ados communiquent beaucoup. Ils se concertent sur leur parcours de chasse, comparent le résultat de leurs captures, commentent le résultat de leurs combats et plaisantent sans arrêts. Loin de les enfermer dans une bulle personnelle, le jeu est pour eux l’occasion de faire une activité entre amis. C’est pourquoi, bien qu’il leur arrive de jouer seuls, c’est en général à plusieurs que nos trois adolescents préfèrent chasser le Pokémon.

Mais si l’aspect social du jeu a été parfois valorisé dans les médias, les risques potentiels liés à son utilisation ont été le plus souvent pointés du doigt. Certains accidents, qui auraient été provoqués par des joueurs inattentifs, ont ainsi été largement relayés par la presse. Interrogés sur cette question, Mathieu, Thomas et Noah déclarent être conscients qu’être trop focalisé sur leurs écrans peut s’avérer dangereux et affirment donc être prudents, notamment lorsqu’ils traversent la route. Ils se disent également conscients que tous les lieux ne sont pas adaptés à la chasse aux Pokémons et s’en tiennent donc aux lieux publics autorisés et sûrs.

Un Pokémon dans une arêne de Pokémon Go @ Magali Fischer pour Action Innocence

Après avoir affronté la pluie pendant plus d’une heure, nous décidons de mettre fin à cette excursion, dont la durée correspond à peu près à leur temps de jeu quotidien. Si le plaisir de jouer est encore présent chez Thomas, Mathieu et Noah, ils reconnaissent que l’euphorie du lancement a cédé la place à un début de lassitude. Mais Mathieu signale qu’une mise à jour de l’application devrait apparaître sous peu, ce qui suscite l’enthousiasme du groupe.

Le temps nous dira si l’incroyable succès des premiers mois se poursuivra sur la durée. En attendant, nos trois adolescents, comme beaucoup d’autres dans le monde, continuent de traquer les derniers « monstres de poches » qui manquent à leur collection respective.